Sophie, Happy, Princesse et les autres...
- aschiettecatte
- 15 févr. 2019
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 avr. 2019

Après un long trajet en bus à nouveau épique, nous arrivons dans la petite ville de Sen Monorom, tout à l’est du Cambodge, près de la frontière vietnamienne.
Le lendemain, un moment fort et très attendu par les enfants est au programme : le cadeau d’anniversaire d’Arthur, à savoir, la rencontre avec 5 éléphants en liberté ! Les enfants sont tout excités et nous aussi d’ailleurs… .
On embarque d’abord dans un pick up avec une autre famille française pour une demie heure de route sur des chemins de terre - pierres, poussière encore et toujours - ça secoue dans tous les sens et ce n’est vraiment pas confort mais les paysages sont de toute beauté. Au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans la jungle, l’excitation monte encore d’un cran !
Lorsque l’on arrive au campement, le fondateur de cette ONG cambodgienne, Mr. Tree, nous parle longuement des raisons qui l’ont poussé à créer le centre en vue de protéger cette forêt et les animaux qui y habitent. Un accord a été scellé avec les villages/tribus Bunong vivant dans ces montagnes pour arrêter la déforestation du Mondulkiri. Les villages sont pauvres et leurs habitants coupent les arbres pour les vendre au Vietnam ou pour pouvoir cultiver des légumes ou du riz ! Leur survie en dépend... .
L’idée est « d’éduquer » les villageois, de leur montrer comment gagner de l’argent sans pour autant détruire la jungle. Mr Tree loue plusieurs hectares de forêt aux communautés Bunong et emploie des villageois pour gérer le sanctuaire d’éléphants qu’elle abrite. Dans cette région où vivaient autrefois des milliers d’éléphants, seuls 41 spécimens sont répertoriés à l’heure actuelle... et ils sont vieux. Surchargés de travail depuis de longues années et épuisés, ils n’arrivent plus à se reproduire ! Il est donc primordial d’agir pour préserver ces éléphants en danger.
Au Mondulkiri Project, on veut offrir une “douce retraite” aux pachydermes qui ont bien souvent été maltraités depuis leur plus jeune âge.
Certains ont été utilisés pendant la guerre pour transporter munitions et nourriture aux différents points de ravitaillement. D’autres servent encore aujourd’hui à élaguer et porter le bois. Bien souvent, la sève qui coule des arbres attaque leur peau qui s’infecte… . Ici, les éléphants ne doivent plus supporter de lourdes charges ou participer au travail dur de la ferme. Ils ne doivent plus balader les touristes en quête d’exotisme sur leur dos. Ici, ils peuvent vivre librement et aller où bon leur semble, manger du bambou et se laver dans la rivière quand ils en ont envie !
Le speech, bien que très intéressant et reprenant également les différentes initiatives mises en oeuvre pour aider (notamment en fournissant médicaments, nourriture,…) et informer les communautés retirés (sur l’importance de l’école, la santé, la contraception, …), est très long pour les enfants car en anglais et ils trépignent vraiment d’impatience pour partir dans la jungle à la rencontre des 5 éléphants que le centre a pu sauver jusqu’à présent : Sophie - Happy - Princesse - Comvine et Lucky.
Après avoir chacun pris une poignée de bananes et reçu les instructions nécessaires à notre sécurité - n’oublions pas que ces animaux fascinants pèsent plusieurs tonnes et pourraient nous écraser le pied où nous envoyer voler au loin simplement avec leur trompe - on commence notre balade en pleine jungle, attentif au moindre bruit et les yeux bien ouverts.
Et là, premiers craquements de branches, le feuillage qui bouge et on voit se diriger vers nous Sophie, 55 ans. Elle est énorme et nous nous sentons tout petits face à cet animal majestueux ! On s’approche timidement en lui tendant une banane... elle l’attrape gentiment avec sa trompe qui est d’une souplesse incroyable malgré la rugosité de sa peau. Bientôt, Happy vient la rejoindre car, elle aussi, elle aime les bananes et veut être gâtée 😉. On suit un moment l’un ou l’autre éléphant. On les observe se gratter le dos à l’écorce d’un arbre ou manger du bambou. Il y a un côté surréaliste à se retrouver là, au milieu de la jungle, avec ces « monstres » légendaires.

Chaque éléphant a délimité son territoire et s’est lié ou non avec d’autres... ainsi, Sophie et Happy restent toujours ensemble ou pas loin l’une de l’autre. On les quitte pour essayer d’entrevoir Lucky. Néanmoins, pas question de la toucher ni même de l’approcher. Il faut jeter les bananes sur le sol, à ses pieds, en restant au moins 5 mètres de l’animal. Le guide nous met en garde, elle n’aime pas les gens et encore moins les enfants ! Bref, on garde nos distances... .
Lucky est la plus farouche ou agressive et se déplace seule. On apprend que pendant des années, elle a servi au transport de lourdes charges et que ses anciens propriétaires, voulant récupérer les poils de sa queue pour les vendre, ont carrément coupé un morceau de celle-ci ! On comprend donc mieux pourquoi, aujourd’hui, elle ne laisse plus personne la toucher ou l’approcher pour lui donner des bananes… le traumatisme est encore bien trop présent.
On continue ensuite à s’enfoncer davantage dans la jungle. Les enfants ne se plaignent pas de cette marche en territoire hostile car ils ont fait la connaissance de 2 petites françaises, Louane et Charlie, venues en famille rendre visite à leurs cousins le temps des vacances de carnaval. Les filles connaissent plein d’histoires « pour avoir peur » et les racontent avec enthousiasme à nos 3 canailles ! On sent bien que nos enfants sont en manque de camarades de jeu et profitent de chaque occasion pour se retrouver avec des enfants de leur âge.
Après une bonne demie-heure de marche, on arrive à un endroit plus dégagé et moins boisé et on attend... . Princesse et Comvine vont-elles daigner se montrer ? Heureusement pour nous, les « filles » ne tardent pas à nous rejoindre. A nouveau, le spectacle est au rendez-vous lorsque l’on voit se déplacer librement, sans cornac (ou mahout), ces animaux gigantesques dans leur environnement naturel !
On profite pleinement de ces instants où nous sommes les hôtes privilégiés de ces géants de l’espèce animal. Les enfants sont fascinés et un peu trop audacieux à mon goût. Ils observent, s’approchent, caressent la trompe et leurs donnent des bananes ! Tout simplement Magique !
On quitte nos nouveaux amis pour quelques heures, histoire de retourner au camp pour déguster un lunch composé uniquement de fruits, de légumes et de riz... . Les enfants jouent avec leurs nouvelles copines et inventent même une chanson sur cette journée extraordinaire en compagnie des éléphants. Fred et moi, nous nous installons dans un hamac… le temps est suspendu et on admire la beauté du paysage qui s’offre à nous !
Mais la journée nous réserve encore quelques belles surprises et moments forts ;-).
En début d’après-midi, on reprend le chemin vers la rivière. Nous aurons l’occasion de nous baigner et qui sait, avec un peu de chance, Comvine et Happy se joindront à nous. Une fois n’est pas coutume, les filles de la famille seront finalement les plus intrépides. Malgré l’eau froide, les petits poissons qui viennent nous chatouiller les orteils et les nombreuses pierres glissantes qui rendent la stabilité dans l’eau difficile, on se baigne et on attend... . Main dans la main, on voit s’approcher Princesse et là, dans l’eau, on sent encore davantage la grandeur et la majesté que dégagent ces géants de la jungle. On n’est pas tout à fait à l’aise, il faut l’avouer... . Manon presse ma main davantage et s’accroche fortement à mon bras car elle sent bien que, dans l’eau, il est difficile de se dégager et de s’échapper, surtout qu’il ne faut pas faire de mouvements brusques. Je suis fière de ma fille, elle a peur, n’est pas à l’aise mais lorsque je lui propose de sortir de l’eau, elle me répond que c’est un moment unique qu’elle vit ici et maintenant, que peu de filles de son âge ont la chance de se baigner, voir même de s’amuser avec des éléphants en liberté en les aspergeant ! Elle veut donc dépasser ses peurs et profiter pleinement de cet instant merveilleux ! Ce Bonheur partagé avec ma fille que j’aime tant restera un moment intense de notre périple au Cambodge et même en Asie !
Arthur finit tout de même par nous rejoindre dans l’eau un bref instant lorsque Happy, sa préférée, vient se baigner. Seul Gabin, le plus intrépide pourtant sur la terre ferme, trouve l’eau beaucoup trop froide à son goût et préfère observer le spectacle de loin. Fred, comme d’habitude, veut immortaliser le bain des éléphants sur la pellicule et sur la caméra, assis, tel un équilibriste, sur une branche au-dessus de la rivière. Que voulez-vous, un Ferrard reste un Ferrard :-) !
Pour terminer cette magnifique journée, on va encore dire au revoir, de loin, à Sophie et Lucky, qui préfèrent se baigner loin de la foule. On re-embarque dans le pick-up avec nos amis français, avec le sentiment d’avoir réellement vécu un moment unique qui restera à jamais graver dans nos mémoires !

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